Vous m’avez manqué!

Il y a des épisodes de notre vie qu’on ne contrôle pas vraiment… Les événements s’enchaînent de façon automatique et malgré le fait que nous soyons responsables de nos choix, ils sont parfois hors de notre contrôle conscient. Tout cela pour vous dire, mes chers lecteurs, que je me suis ennuyée de vous depuis la publication de mon dernier article et que ce n’est pas par négligence, croyez-moi! J’ai juste beaucoup travaillé… :-p

Mais voilà, je suis finalement de retour afin que nous puissions continuer nos échanges.

Vous savez, durant les derniers mois, j’ai vécu une grande période de remise en question! Je crois qu’il est bien de ne jamais cesser de s’affronter soi-même sans filtre, sans censure, sans voile, mais putain que c’est difficile à faire! Il est tellement facile de juger une situation de l’extérieur, d’analyser les enjeux émotionnels et même d’arriver au point de poser un regard juste dessus, mais analyser sa propre vie, sa propre personnalité et surtout, ses propres défauts, c’est une toute autre paire de manches. Comment se fait-il que nous soyons si mauvais juge de notre propre vie? Évidemment, tous les artifices qui nous aident à nous voiler le visage n’aident en rien, mais il me semble que nous sommes des êtres dotés d’une intelligence remplie de potentialités, non?! Qu’est-il arrivé à notre espèce pour qu’elle soit devenue si névrosée et nombriliste?

Vous savez, j’arrive du centre-ville où je suis allée me balader et manger du turc avec Sébastien pour célébrer la fin de mon dernier contrat et en me promenant, j’ai croisé un itinérant couché sur une boîte de carton dans l’entrée d’un commerce fermé. Les sourires qui étaient présents sur mon visage à ce moment ont complètement disparu pour laisser place à une grimace de douleur.

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En continuant mon chemin, après que j’eusse réussi à refouler cette triste réalité, je me suis posé une question : pourquoi, dans notre société, il y a des gens qui vont souffrir de voir ce tableau alors que d’autres vont plutôt porter un regard de jugement sur lui? Comment passons-nous de l’autre côté? Nous sommes tous dotés d’un sens critique et nous jugeons les gens, autant ceux qui nous entourent que ceux qui nous sont étrangers, mais comment traçons-nous la ligne entre la simple névrose et le mal?

Sur le chemin du retour, il y avait deux jeunes punks, assis sur le trottoir, avec leur chien et leur pancarte qui affichait « J’ai faim! ». Sébastien a déposé un dollar dans leur verre et il leur a fait un beau sourire, qu’ils lui ont immédiatement retourné, ça m’a fait chaud en-dedans (ça m’a fait l’aimer encore plus aussi!). Voyez-vous, à ce moment précis, c’est son cœur et son âme qui ont agi, c’était un geste posé sans réflexion critique sur leur façon de vivre. Il ne s’est pas demandé s’ils méritaient ce dollar ou ce qu’ils allaient faire avec, non! Ce n’était pas la question et ce n’était pas important!

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À un certain moment, il faut se demander si nous ne sommes pas tous devenus complètement stériles et intolérants. On ne supporte plus rien! Des voisins qui s’amusent, des chiens qui chient, des enfants qui crient, des buveurs, des fumeurs, des emmerdeurs… Pourquoi la vie des autres nous dérange-t-elle tant? Et vous savez ce qui m’amuse le plus? C’est lorsque je parle de ce constat avec une personne et qu’elle ose me parler de respect.

« Ben moé, si la musique joue à minuit, je trouve que c’est un manque de respect! »

« C’est normal qu’on ne puisse plus emmener son chien dans un parc, y’a des caves qui ramassent pas la crotte! »

« J’viens-tu te boucaner ça dans face moé? »

Non, mais tu m’empoisonnes avec tes réflexions à deux sous par exemple! Si vous poussez un peu votre pensée, vous comprendrez que vos propres comportements pourraient nous faire chier aussi. Comme dit si bien l’adage, « Il n’y a personne de parfait »! Alors pourquoi jugeons-nous tout le monde qui démontre la moindre petite différence, la moindre petite défectuosité, et pourquoi notre réflexion se limite-t-elle à ce qu’on l’on croit respectueux ou non?

Parfois le monde dans lequel on vit me donne la nausée… Il y en a que pour l’argent et le pouvoir et moi, je ne cadre pas là-dedans, en tout cas j’essaie vraiment fort! Vous penserez peut-être que j’exagère, mais tentez d’observer vos comportements dans les semaines à venir et vous verrez que c’est bien ancré au fond de vous. Vous n’êtes pas nécessairement des capitalistes indécrottables, sans âme et sans cœur, mais nous vivons dans une société tellement matérialiste qu’il est difficile de ne pas se faire influencer. Ne reconnaissez-vous pas ce simple réflexe superficiel ? :

– Papa, j’ai rencontré un homme merveilleux et je suis amoureuse de lui.

– Ah oui, et il fait quoi dans la vie?

– Il est ingénieur!

– C’est super, je suis content pour toi ma fille, on le rencontre quand?

Versus…

– Papa, j’ai rencontré un homme merveilleux et je suis amoureuse de lui.

– Ah oui, et il fait quoi dans la vie?

– C’est un artiste! Il est incroyablement talentueux, cultivé et sensible, il me fait voir la vie différemment et il me rend heureuse.

– Oui, mais il fait quoi dans la vie?

– Ben, il travaille comme serveur pour payer ses « bills » et le reste du temps, il tente de créer une œuvre qui transformera le monde et qui apaisera la douleur qui nous habite, c’est merveilleux non?

– C’est pas un ben bon parti ça ma fille. Ça ressemble plus à un « bum » qu’autre chose.

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Hein, hein?!! Moi-même je le fais… Pour ma part, c’est surtout un jugement envers les capacités intellectuelles, culturelles et académiques, mais je suis consciente qu’une partie de mon raisonnement est programmé selon des standards sociaux distordus.

Alors maintenant, on fait quoi? Comment déprogrammons-nous ces schèmes bien ancrés?

Je ne rigolais pas lorsque je disais que j’étais en plein questionnement existentiel, non?!

Crédit photo : Sébastien Rioux