Reconstruire ou ne pas reconstruire, telle est la question!

Reconstruire… Une obligation?

Jeudi dernier, les téléspectateurs ont pu voir l’épisode deux de la série Obèse changer de vie et on peut dire qu’ils m’ont littéralement vu l’intérieur. Lors de cette émission, les caméras sont entrées dans le bloc opératoire de la clinique de chirurgie Héritage afin de capter les images de ma première opération de reconstruction : une brachioplastie.

Comme vous avez pu le constater en visionnant l’épisode, passer sur le billard est toujours un événement éprouvant et épeurant. Personne ne souhaite rester sur la table d’opération! Cela nous amène à nous poser des questions sur la chirurgie esthétique, sur la reconstruction corporelle et surtout sur la façon dont ces questions sont traitées dans notre société…

Lorsque j’accorde des entrevues, que je donne des conférences, que je parle aux gens qui m’accostent et qui m’écrivent, je frappe souvent un mur! En fait, j’en frappe même deux!

Premier mur : Dans la tête de beaucoup d’individus, la reconstruction esthétique est une étape de la perte de poids, c’est l’étape finale. Pour eux, il n’y a même pas de doute possible, tu as été obèse, tu as perdu du poids, tu dois reconstruire, voilà tout! À ces gens, j’ai envie de répondre : « Oh là, minute! ». Vous savez, ce n’est pas la majorité des opérés bariatriques qui subissent des chirurgies esthétiques. C’est un choix, et c’est un choix très personnel qu’on devrait aborder avec un peu plus de délicatesse. On n’a pas nécessairement envie de subir des chirurgies qui sont non essentielles à notre survie, on n’a peut-être pas le goût de souffrir à nouveau, on n’a sûrement pas les moyens de payer les frais médicaux… Tout comme pour l’obésité, prendre la décision de reconstruire notre corps ou non demande une sérieuse réflexion qui implique plus d’un facteur et est vécu de façon différente pour chaque personne.

J’utilise souvent un comparatif afin d’expliquer ce que les anciennes personnes obèses ressentent lorsqu’on entre un peu trop intensément dans leur intimité avec ces questions. Avez-vous déjà demandé à une femme qui vient d’accoucher si elle pensait se faire faire une abdominoplastie ou un redrapage des seins? Est-ce que le cheminement normal d’une mère est : rencontrer un beau garçon, tomber enceinte, accoucher, allaiter et faire reconstruire ventre et seins pour réparer les dommages laissés par la grossesse? Pas sûre moi! Et je ne suis surtout pas sûre qu’on demanderait à une mère si elle a l’intention de subir des chirurgies esthétiques avec autant d’aisance qu’on le fait avec des anciens obèses.

Deuxième mur : Pour ma part, j’ai souhaité faire retirer le surplus de peau que j’avais sous les bras. Je n’éprouve aucune gêne à en parler et à porter des chemisiers sans manches, mais est-ce vraiment nécessaire de me demander de vous montrer mes cicatrices? Lorsque cela se produit, je me sens comme une bête de cirque et je déteste ce sentiment! C’est indélicat… Jamais un gentilhomme ne demanderait une telle chose. Vous savez, en se servant de son histoire personnelle afin d’éduquer la population sur une problématique méconnue, on s’expose, mais il faut faire la part des choses. J’expose une parcelle de ma vie privée afin de faire comprendre ce que des personnes telles que moi vivent, mais il faut savoir ne pas dépasser la ligne. Ici encore, j’utilise un comparatif que mon attachée de presse a beaucoup aimé : si c’était ma poitrine que j’avais fait reconstruire, me demanderiez-vous de vous la montrer en plein plateau de télévision? Pas certains hein?!

Ce que je tente d’expliquer, d’exposer et de démontrer aux gens, c’est que les personnes obèses et ceux qui l’ont été sont des individus à part entière qui méritent le même traitement que tous les autres. Alors si vous faites preuve de délicatesse et de subtilité avec un cancéreux fraîchement opéré ou une nouvelle maman, faites-le donc aussi avec une personne qui a souffert d’obésité et qui a perdu du poids! 😉

Bon, maintenant que cela est dit, j’ai des mercis à faire!.

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Je profite aussi de cette tribune pour vous remercier VOUS! En 2012, lorsque j’ai publié mon article Qui gagne perd, vous avez été nombreux à me démontrer votre appui et c’est grâce à votre générosité que j’ai pu financer cette brachioplastie. MERCI! Merci de me permettre de porter des t-shirts, merci de m’avoir aidée à vivre une telle libération, merci de votre soutien et de votre amour.

Sachez que je vous aime moi aussi!

Pour connaître tous les détails de la série Obèse changer de vie, rendez-vous sur le site Internet de Moi & Cie