corpus
Mon corps, ton corps, son corps, leurs corps, LE corps!
« L’apparence » est une étrange conception de l’esprit, car elle n’a pas la même importance et ne prend pas la même forme d’un pays à l’autre, d’une culture à l’autre, d’une époque à l’autre… Ici, au Québec, au Canada, en Amérique du Nord, au 21e siècle, l’apparence est plus qu’importante, elle prime sur ce qui est crucial. Peu importe la santé, l’amour ou le respect, si on est jeune, belle et surtout, mince! Cette forme de beauté vous ouvrira beaucoup de portes, vous serez convoitée par les plus beaux et les plus riches, vous aurez toujours droit à un siège dans le métro et plus jamais vous ne ferez la file sur St-Laurent le samedi soir… Pis après? Est-ce là la définition du bien-être? Est-ce que ces démonstrations de superficialité ne sont pas plutôt opprimantes, voire même insultantes? Si vous êtes belle, on vous aime, peu importe ce que vous avez dans la tête, est-ce vraiment le traitement rêvé? Je ne crois pas…
Dans notre société qui prône la performance et la perfection, on pourrait être tenté de croire que posséder cette beauté physique, nous conduira tout droit vers le bonheur – ERREUR! Les problèmes liés à l’apparence se multiplient au sein des sociétés modernes et donnent naissance à des courants très dangereux… comme le thigh gap. Cette tendance, très prisée des adolescentes, consiste à avoir un espace entre les cuisses même lorsque les pieds sont collés. Vous comprendrez que le squelette humain ne répond pas à cette exigence à moins d’être exceptionnellement mince, voire maigre et encore là, atteindre une extrême maigreur afin d’y parvenir ne garantit pas sa réussite, car chaque femme est constituée différemment. Presque immédiatement après la naissance du thigh gap est arrivé son petit cousin : le bikini bridge. Cette autre tendance minceur consiste à créer un pont entre le bikini et le bas-ventre. La culotte doit être en suspension entre les os des hanches et l’abdomen, ce qui crée cet espace tant prisé.
Ces deux exemples de tendances minceurs se noient parmi la panoplie de troubles qui apparaissent régulièrement au sein des sociétés qui accentuent l’importance de l’apparence. Il n’est plus rare de côtoyer une personne souffrant de troubles alimentaires, au contraire, j’ai bien peur que cela devienne bientôt la norme!
Ce phénomène de beauté m’amène à me poser une question : comment se fait-il qu’on soit tant en désaccord avec ce courant de superficialité, mais qu’on y adhère tout de même? Je crois que le conflit qui existe entre le rejet de cette forme de beauté et l’envie de l’obtenir nous tiraille inconsciemment, et ce, dès l’enfance. Rationnellement, il est facile de constater tout le ridicule de la tendance maigreur, mais entre la vie de l’intellect et la « vraie » vie, la marge n’est pas seulement grande, elle est colossale! Alors comment fait-on pour s’en sortir? Comment ne pas être obnubilées par notre corps, et surtout, comment réussir à se soucier de son apparence de façon équilibrée? La ligne entre la névrose obsessionnelle et la saine coquetterie est très mince… Comment ne pas traverser cette ligne qui nous conduirait tout droit sur un lit d’hôpital avec un tuyau de gavage installé directement dans l’estomac?
De nos jours, le sujet est sur toutes les tribunes au point où il devient lui-même une mode. Plusieurs compagnies, magazines, journaux, lignes de beauté ou de bijoux se servent de cette plaie sociale afin de faire mousser leur image. Il n’y a rien de plus malhonnête que ce faux étalage de compassion de la part des compagnies qui disent déplorer les standards de beauté actuels alors qu’ils en sont les créateurs. Cette attitude hypocrite est loin de nous aider à combattre les apparences, bien au contraire, elle encourage ce conflit entre l’esprit et le corps.
Alors, comment éviter que nos petites filles se trouvent face à ce combat perdu d’avance? Il est vrai que l’information et une bonne communication sont des outils précieux afin d’élever les enfants dans l’amour et l’acceptation, mais la pression sociale est une adversaire redoutable. Vous savez, l’obsession est un sentiment contraignant et déraisonnable qui s’impose à la conscience de l’humain sans qu’il ne puisse le contrôler, alors sachez qu’il est loin d’être chose aisée de s’en départir. Lutter contre les apparences est un combat de longue haleine et l’acceptation de soi avec un grand « A », ne s’acquière pas sans encombre.
Comment faire pour que la petite Mariz puisse enfin gagner ce combat dans ce cas-là? Comment faire pour ne pas être obsédée par mon corps alors que les préoccupations liées à son image est au centre de mon existence? Et surtout, comment ne pas tomber dans cette obsession de la minceur et de la beauté, alors que l’obésité me guette, toujours là à me faire de l’œil?
Je ne trouverai pas les réponses à toutes ces questions aujourd’hui, mais je continuerai à lutter contre les apparences tant que je respirerai. Même si les obsessions corporelles sont insidieuses et qu’elles trouvent toujours le moyen de venir me hanter, je parviendrai à m’aimer intégralement un jour, je l’espère…
2 Commentaires
Laisser un commentaire Annuler
Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.
Je voulais vivre jusqu’à 95 ans! Je voulais vivre longtemps et heureuse…ma vie à pris un tournant radical en 2006 quand j’ai décidé de faire le pas vers la chirurgie bariatrique. Je m’appelle Manon et j’ai 44 ans.
J’ai passée le cap du 460 lbs pour finir ma course à 258 lbs présentement. La société présente est hypocrite et mensongère…. il faut être mince pour être heureuse et en santé? Sérieux, c’est vraiment n’importe quoi. Pourtant, que j’aille perdu 150 ou 300 lbs, je sais que dans ma tête, je suis encore une grosse, même si dans ma vie d’avant, j’étais vraiment grosse, je pensais comme une grosse et je vivais comme une grosse. Maintenant, avec mon 200 lbs en moins, mes bras mous, ma bedaine pendante ainsi que ma cicatrice sur mon ventre, je pense encore comme une grosse, agit comme une grosse et vit comme une grosse. Que je sois au gym, au resto, sur la rue, le regard de notre société bipolaire fais son œuvre…et souvent ça agit sur ceux qui nous entoure. Petite anecdote: quand ta fréquentation te dit qui peux pas te présenter à sa famille pis c’est chum car y à honte d’être vu avec une ronde, car le jugement des autres y est pas capable d’y faire face…..est-ce que c’est c’est la société qui est malade ou la société des maigres qui donne l’illusion que le bien paraître aura toujours une place de choix dans un monde froid et impartiale???
Merci pour tes chroniques. Elles me font réfléchir sur ma vie en générale, mes opinions, mes décisions…
Bonjour Manon,
Merci beaucoup pour votre témoignage!
J’ai adoré votre « le regard de notre société bipolaire », cela m’a fait sourire et m’a fait avoir un hochement de tête d’approbation.
Cette société où la culture est dévalorisée, où l’industrialisation a pris le pas sur l’éducation et où le plus fort sera toujours le plus riche et non le plus brillant, cultivé et sensible, me lève le cœur!
Mais que peut-on y faire? Se résigner peut-être… Je commence à croire que c’est une attitude intelligente à adopter. Peut-être devrais-je lire un peu moins de Michel Houellebecq! Hihihi! Je pense tout haut!
Encore merci pour votre commentaire, je suis bien heureuse d’apprendre que mes articles vous font réfléchir et qu’ils vous viennent en aide de plusieurs façons.
Au plaisir de relire vos commentaires!
Bise
Maryse xx